La popularité de Pétain ...
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La France, brusquement, croit voir incarné en Pétain ce miracle que Paul Reynaud, désespéré, invoquait dans un de ses derniers discours : ne sait-on pas gré au Maréchal d'avoir mis fin à une guerre impopulaire ? Son allure majestueuse, et aussi sa simplicité, impressionnent ceux qui le voient.
Miracle que d'aucuns attribueront, comme il se doit, à des causes surnaturelles et que même certains prélats sanctionneront de leur autorité spirituelle : « Pétain, c'est la France ! » proclame le cardinal Gerlier.
René Benjamin, véritable hagiographe du Maréchal, ne craint pas d'affirmer : « Quelle faveur de vivre au temps d'un homme dont on sait déjà qu'il dépassera l'histoire et qu'il entrera d'emblée dans la légende. »
Marechal Petain
L'effigie de Pétain est alors répandue dans toute la France par des photos, des médailles, des bustes, des illustrations en couleurs, des broches, des timbres et des clips. Propagande telle que lui-même la trouve excessive :
« Ai-je vraiment besoin d'être diffusé comme Franco ? » répète-t-il avec une nuance de mélancolie. a Les Français ne sont pas si bêtes. On va trop loin. On abuse. »
Le Maréchal jouit alors d'une popularité inégalée depuis longtemps.
Au cours des premiers voyages en zone libre, la volée des cloches des cathédrales et des églises salue l'arrivée du « vieillard providentiel ». Tout le long des voies ferrées, par où s'avance son train, des paysans s'alignent et attendent dans l'espoir de l'apercevoir un instant derrière la vitre du wagon.
Des femmes, quand il traverse les villes et qu'il se mêle à la foule, tendent vers lui leur bébé pour qu'il le touche et que l'enfant doive, à ce simple contact, à cette onction renouvelée de Saint Louis, une protection surnaturelle pendant tout le cours de sa vie.
la propagande de Vichy
la popularité de Pétain
Voici, d'après des documents officiels, une scène où cette imagerie apparaît en couleurs assez naïves.
A Toulouse, en novembre 1940 : « A pas lents, accompagné de six personnes de sa suite et du préfet, le Maréchal fait le grand tour. S'arrête-t-il? Chacun vou­drait un instant le tenir immobile dans le champ de son regard et l'entendre. Un seul aura cet honneur. Un bambin de quatre ans, levé dans les bras de sa mère, et qui applaudit de toutes ses petites mains. » Quelques instants plus tard, le préfet de Toulouse, assis aux côtés du Ma­réchal, sursaute à la vue d'une femme qui se jette devant la voiture, et profite de l'arrêt pour tenter de toucher la main du chef de l'État. Il se tourne vers Pétain, dans l'intention d'excuser l'exaltée. Le Maréchal n'a rien vu : il somnole.., sans pour autant perdre sa dignité ni son port de souverain. Détail qui ne figure pas dans le document officiel.
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